DEMAIN…

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DEMAIN

Vous m’amusez par de
L’art d’être tous les jours nouvelle : vos caresses
Vous promettez incessamment,
Et vous reculez le moment
Qui doit accomplir vos promesses.
DEMAIN, dites-vous tous les jours.
L’impatience me dévore;
L’heure qu’attendent les Amours
Sonne enfin, près de vous j’accours;
DEMAIN, répétez-vous encore.
Rendez Grâce au dieu bienfaisant
Qui vous donna jusqu’à présent
Mais le Temps, du bout de son aile,
Touchera vos traits en passant;
Dès DEMAIN vous serez moins belle,
Et moi peut-être moins pressant.

Évariste de Forges, vicomte de Parny, Anthologie poétique amoureuse. 

 
  Évariste Désiré de Forges de Parny  Né le 6 février 1753 à Saint-Paul Évariste Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de Parny, Parny était issu d’une famille originaire du Berry, installée à l’île Bourbon en 1698. Il quitta son île natale vers l’âge de neuf ans pour venir en France avec ses deux frères, Jean-Baptiste et Chériseuil. 

Nos Ancêtres vivaient ainsi leurs fêtes de Noël…

Sapin, bûche, et légendes : les merveilles de Noël.

Le père Noël n’apparaissant guère en France avant 1900, on pourrait dire que le sapin de Noël l’a précédé d’assez peu.

Sa parure qui reste verte en hiver lui à valu depuis longtemps d’incarner l’immortalité de la nature. Dans les pays Nordiques, il est donc associé aux fêtes antique de la lumière, souvent orné de ruban colorés, voire agrémenté de torches largement symboliques. Sa tradition s’est maintenue dans les pays germaniques au point que les princes et les princesses, lorsqu’ils partaient se marier en Europe de l’Ouest, l’emportaient avec eux. Ce fut ainsi  qu’Albert De Saxe-Cobourg-Gotha, mari de la reine Victoria l’introduisit en Angleterre au siècle dernier. Il aurait pénétré aussi en France, mais la tentative de la duchesse de Meklembourg, belle fille du Roi Louis-Philippe, qui le présenta aux Tuileries en 1840, se solda par un échec. Les Parisiens soupçonnant quelques habitudes protestantes, se refusèrent à l’adopter.

Tout va bousculer, en 1870, lorsque les Alsaciens, réfugiés en France après la défaite de Napoléon III veulent  reprendre de vieilles coutumes locales : à Selesta, depuis 1521 des arbres sont chargés d’hosties et de pommes que les enfants se disputent en les secouant.

Dès lors les nombreuses fêtes de charité ou de solidarité pour les réfugiés d’Alsace-Lorraine ont toutes leur sapin qui est rapidement adopté pour l’ensemble de la France cocardière et revancharde. Dès la fin du siècle, des dizaines de milliers se vendent ainsi chaque année.

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Aux tradition indissociable de Noël, la crèche. Elle fait son apparition dans le Sud de la France et de l’Italie. L’origine du santon remonte à 1789. Les santons sont d’abord fabriqués en bois par des artisans de la Forêt-Noire. Vendu à la foire de Toulon, ils deviennent à la restauration des petits sujets en cire que les marchands italiens vendent au cri de « Santi Belli. » Leur vogue est à son apogée sous le Second Empire, au moment de la grande amitié Franco-italienne qui défend la cause de l’unification de la péninsule. 

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L’origine de la bûche de Noël est plus ancienne et de tradition beaucoup plus générale.

Appelée » tronc, cosse, tison, souche, tréfoir selon les régions, elle est installée dans la grande cheminée la veille de noël , avant la messe de minuit. Elle doit être de dimension importante et de bois dur, afin de brûler un temps variant de durée de la messe, à trois ou huit jours, voire jusqu’à la fête des Rois. Traditionnellement on choisit des bois d’arbres dont les fruits sont consommés et prisés : pommiers, pruniers, oliviers, chênes, ou hêtre. Sans doute ce choix a-t-il pour but d’assurer une abondante récolte pour l’année à venir.

Parfois on procède à des libations en versant sur l’écorce du vin ou de l’huile, quand ce n’est pas du sel pour garantir des esprits et des sorciers, ou même de l’au bénite. D’autre fois encore, on a soin d’y faire couler quelques gouttes du précieux cierge de la chandeleur. Charbon et cendre sont dotés comme ceux de la Saint Jean, de pouvoirs en tout genre. Précieusement conservés ils serviront à rallumer la bûche de l’année suivante. De nos jours, la bûche ne subsiste plus que glacée ou chocolatée.

Une fois sa bûche allumée, chaque famille se rend à la messe de minuit, à pied ou en char à bœuf, à travers les chemins. Chacun porte à la main une torche, remplacée ensuite par des lanternes.

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L’église est illuminée. Dans beaucoup de régions, les bergers viennent offrir un agneau à la crèche. Enfin arrive « l’heure solonnelle » chantée à la fin du siècle dernier par le célèbre « Minuit Chrétien » dont les paroles sont curieusement dues à l’imagination d’un radicale, Placide Cappeau. Ce négociant en vin n’était pas encore engagé politiquement lors qu’il répondit, en qualité de poète, à la commande du curé de Roquemaure, près d’Uzes. Le 24 décembre 1847 fut donc chanté pour la première fois à minuit le célèbre cantique.

De retour de la messe de minuit, nos Ancêtres vont à l’étable donner aux animaux la gerbe de Noël un foin meilleur qu’à l’ordinaire, en remerciant les bœufs et les ânes d’avoir réchauffer l’enfant Jésus. S’ensuit le réveillon, souvent assorti d’une oie ou de porc que l’on vient de sortir du saloir. On chante des cantiques de Noël dont l’énumération exigerait des livres entiers tant ils sont nombreux.

On s’amuse et le lendemain, on joue à la soule sur la place du village.

Noël est aussi le temps d’une foule de traditions. Les enfants quêtant pour recevoir quelques étrennes sous formes de fruits secs ou d’œufs.

Parfois la quête est reportée au jour de l’an. Les croyances veulent aussi que les morts reviennent manger cette nuit-la sur terre. Aussi comme pour la Toussaint, on leur prépare à boire et a manger. Pendant que résonne les douze coups de minuit, les rochers se déplacent pour faire entrevoir  les trésors perdus dans leurs entrailles et on peut entendre tinter les cloches des villes maudites englouties à jamais. Sans doute explique-t-on ainsi la croyance qui veut que les enfants nés ce jour là ont le don de communiquer avec l’au-delà ! Une légion  d’interdis accompagnent  cette fête : interdiction de travailler le pain, de cuire du pain, de faire la lessive, de filer, de coudre, ect …Jusqu’à celle-ci, toujours très respectée : ne pas essayer d’entendre ce que racontent les animaux. Le curieux qui le ferait risquerait d’apprendre sa mort prochaine. Car en cette nuit de Noël, les animaux sont doués de parole. On dit même qu’à l’étable ils s’agenouillent parfois sur leur litière.

 Extrait du livre : « Ainsi vivaient nos Ancêtres » de leur coutumes à nos habitudes de Jean Louis Beaucarnot, éditions Robert Laffont. Livre paru en 1989.

 

Le silence du poète…

Le jour où vous rencontrez un poète qui ne parle pas,

Ne soyez pas fâchés, il parle en son cœur.
Mais qui connaît les pensées du poète?
Qui peut connaître les pensées dans le cœur du sage?
Qui peut connaître le chant au bord des lèvres du chanteur?
L’eau qui n’impressionne pas le fermier,
Peut atteindre le cœur du poète, devenir océan,
Elle peut atteindre le cœur du poète, devenir lagune,
Et la tempête qui connaît l’océan et la lagune,
Peut atteindre le cœur du poète
Et devenir brise.
Le cœur du poète accepte la lie.
Et il accepte le limon
Et l’eau claire de la source.
Mais si vous rencontrez un poète
Qui a la tête à l’envers et se tait
Ne soyez pas fâchés, ne dites pas de mal de lui,
En son cœur, le poète parle.

Ewi Adebayo Falei (né en 1935, Nigeria)
(Poésie d’Afrique au sud du Sahara) blog lalitoutsimplement

J’ai trouvé ce père noël sur mon chemin et je l’ai invité à venir se reposer sur ma page. Si vous passer par ici, surtout ne le réveillé pas, ne faite pas de bruit, ne soyez pas fâché, il rêve a tous les petits enfants de la terre. Roberte Colonel

(La peinture du père Nël est de Tom Newsom Deberry né le 31 janvier 1940 et décédé le 23 mai 2008)

juste une déraison…

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– Dans la main d’un ami, il faut déposer sa confiance ; dans son âme, sa compréhension ; sur ses lèvres, son sourire ; devant les yeux, une rose ; près de lui, sa présence et son aide ; et dans son cœur le bonheur de son amitié.

« Je dépose donc tous mes mots, puisque que dorénavant je ne sais si c’est de l’amitié où de l’attachement qui me lie encore à toi. 

– Quand le silence n’est plus acceptable, quel intérêt ai-je à devoir accepter l’inacceptable…juste une déraison, un sentiment diffus…ne vaudrait–il pas mieux que je me retire  de ta vie ? Il faut bien que l’un se décide à mettre le mot fin quand l’autre n’ose prendre la bonne décision.

Mon amour n’est, plus… Il n’est plus celui du début de notre relation. Quel intérêt maintenant ai-je à devoir accepter l’inacceptable ?…juste une bonne dose de déraison ? Ne vaudrait–il pas mieux que je me retire  définitivement de ta vie ? Nous en sommes là aujourd’hui nos objectifs ne sont plus les mêmes. » Roberte Colonel

 Citation : Eugène Fromentin

 « Il y a tant de manière de dire la vérité tout entière ! L’absolu détachement  des choses n’admettrait-il au qu’un regard jeté de loin sur celui que l’on désavoue ? Et quel est le cœur assez sûr de lui pour répondre qu’il ne se glissera jamais un regret entre la résignation, qui dépend de nous, et l’oubli qui ne peut venir que du temps. ».

 

Je ne t’aime pas telle une rose du ciel…

Je ne t’aime pas telle une rose du ciel,
topaze, œillet en flèche et propageant le feu :
comme on aime certaines choses obscures,
c’est entre l’ombre et l’âme, en secret, que je t’aime.

Je t’aime comme la plante qui ne fleurit,

qui porte en soi, cachée, la clarté de ces fleurs,
Et grâce à ton amour vit obscur en mon corps
Le parfum rassemblé qui monta de la terre.

  Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où,

 Je t’aime sans détour, sans orgueil, sans problèmes :
Je t’aime ainsi, je ne sais aimer autrement.

  Je t’aime ainsi, sans que je sois, sans que tu sois,
Si près que ta main sur ma poitrine est à moi,
Et si près que tes yeux se ferment quand je dors.

Pablo Neruda, La centaine d’amour.  (Toile Gerhartz Daniel)

quelques Vers de (Paul Eluard)

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Extraits de quelques Vers de (Paul Eluard)

J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir
J’ai fermé les yeux pour pleurer
De ne plus te voir.

Où sont tes mains et les mains des caresses
Où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n’es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits.

Tout à perdre je me vois vivre.

J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir.

peinture de Phillis-Anne-Catherine) (Blog Lalitoutsimplement.com/)

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Blanche comme les pages de ce livre étrange…

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Blanche comme les pages de ce livre étrange

Qu’on écrit dans le silence de nos mémoires

Entre blessures et mots qui nous dérangent

On rature les lignes pâles de notre histoire

 On jongle avec la vérité si souvent

On se dit les choses qu’à peu près

Des je t’jure qu’on lance tendrement

En se regardant comme si on s’aimait

Puis juste avant de partir en voyage

Effacer mon prénom de tes mots

Dire que tout n’était qu’un mirage

Me dire que je ne suis  que sotte

On Ne s’aimait pas autant qu’on la cru

Il nous restera tous les « si on avait su »

Inutiles et sans importance.

Le train de la vie…

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Le train de la vie

Je dédie ce billet à Cath pour l’amitié et les moments de partage que nous avons passés ensemble, pour sa disponibilité, son aide  dans la mise en place de mes trois blogs. Je fait des vœux pour que son chemin de vie soit beau et qu’après toutes les épreuves qu’elle vient de traversés  le bonheur lui tende enfin les bras.

 

La vie est comme un voyage dans un train : on monte et on descend; il y a des arrêts, des imprévus, des retards, des pannes, des accidents, …

A certains arrêts, il y aura certainement de bonnes surprises…

 

Il y a des personnes qui montent à bord et dont la présence sera déterminante nos amies, nos proches. Quand certaines d’entre elles descendent, elles laissent en nous une nostalgie pour toujours.

 

Certaines de nos amies considèrent le voyage comme une petite promenade.

D’autre personnes sont toujours prêtent à aider celles et ceux qui sont dans le besoin.

 

Mais la vérité peut être autre. Il y en a certaines qui montent et descendent tout de suite, c’est à peine si nous avons eu le temps de les croiser et de les connaître. Et il y en a d’autres qui, épuisées par le voyage, veulent prématurément sortir du train…

Parfois, on s’étonne de voir que certaines passagères que nous aimons, s’assoient dans un autre wagon et que pendant ce temps, ils nous laissent voyager seul et ce, même s’ils savent que nous les cherchons partout dans le train. Naturellement personne ne peut nous empêcher de les chercher partout dans le train. Mais c’est compliqué !  

Et quand nous les retrouvons, parfois nous ne pouvons pas nous asseoir à côté d’eux car la place est déjà prise…

Ce n’est pas grave…

Le voyage est comme cela avec plein d’espoir, de rêves, et d’adieux.

Le grand mystère du voyage est que nous ne connaissons pas le moment où nous descendons du train pour toujours, pas plus que nous ne connaissons celui de nos compagnes de voyage ou même, de celle qui est assise juste à côté de nous.

Essayons donc de faire le plus beau voyage possible, de partager nos différentes découvertes, d’égayer mutuellement notre trajet et surtout, de nous entraider quand nos bagages deviennent trop lourds…

 

La séparation avec les amis est douloureuse.

Je sais qu’ailleurs que pour eux il y a toujours un nouvel avenir à découvrir.

 

Heureux seront-nous si nous avons contribué à augmenter et enrichir le bagage de celles qui descendent.

Pour ma part, quand je quitterai ce grand train de la vie, oui, je serai triste. Par contre, je serai en paix car j’aurai fait mon possible pour être une bonne compagne de voyage…

 

NB/Il y a quelles que années j’avais déjà posé ce texte d’un auteur inconnu sur mon blog. Aujourd’hui je l’ai un peu modifié pour l’offrir à mon amie Cath.

 

Crue vous avez dit crue ?

Photo Pierre Villeneuve

Crue vous avez dit crue ? Pour mes amies qui se sont inquiété pour nous voici l’avenue de la Récanette ainsi que notre résidence presque propre !!! Enfin presque… car il nous faut encore attendre le nettoyage que ne manquera pas de faire la ville de Valras-Plage.

Nous allons chausser nos bottes et rejoindre les bords de mer .

Un véritable déluge s’est abattu sur notre ville de Valras-Plage…

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Le mauvais temps !… Un véritable déluge s’est abattu sur notre ville de Valras-Plage.

Certes l’image est jolie, mais l’est  moins ce qui s’ensuivit. Maisons, caves, garages inondées,  routes coupées où devenues impraticables. Rien n’a pu arrêter cette tempête de déferler sa mauvaise humeur sur notre commune. Elle fit de nombreux dégâts. Merci, elle n’a pas pris de vie humaine.

 

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Lorsque l’on voit les images d’inondation à la télé on ce dit « Les pauvres c’est bien triste!… moi-même je l’ai pensé sans levé le petit doigt pour venir en aide a toutes ses personnes démunie de leurs biens… mais lorsque cela se passe sous vos yeux l’approche devient différente. … Très vite notre générosité reprends le dessus, on se dit qu’il faut faire quelque chose pour aider les plus touchés par ce désastre. Dans notre ville nous venons de vivre ces alertes météos comme un rappel a notre bon sens. Aujourd’hui devant cette eau nauséabonde qui nous a envahi j’affirme que rien ici bas n’est définitivement acquis et que l’entraide est un geste de générosité humain que chacun d’entre nous pouvons faire. (Texte Roberte Colonel)

Fête de sainte Catherine…

 

 

 

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Sainte Catherine, protectrice des filles célibataires

Son refus de se marier explique tout naturellement pourquoi Sainte Catherine est la patronne des filles célibataires. L’expression « coiffer Sainte Catherine » qui signifie ne pas être mariée l’année de ses 25 ans s’explique par une tradition qui remonte au XVIème siècle. En effet, à cette époque, on renouvelait la coiffure de la statue de la sainte dans les églises, et c’était les jeunes femmes célibataires entre 25 et 35 ans qui se chargeaient de cette tâche. Il faut savoir que les hommes célibataires ont eux aussi leur saint patron en la personne de Saint Nicolas : en effet, tout comme on dit « coiffer sainte Catherine » pour les filles, on dit « porter la crosse de Saint Nicolas » pour les garçons… Vous avez 25 ans et aucun mari à l’horizon ? Pas de panique… D’abord, Mademoiselle, sachez que si vous ne voulez pas vous marier, Sainte Catherine vous protégera tout particulièrement car elle aussi refusa les liens sacrés du mariage… Nous vous souhaitons cependant de vivre un célibat plus gai que le sien ! =Pourquoi on les appelle « Les catherinettes » Dans quelques jours, le 25 novembre, des charmantes jeunes femmes de 25 ans vont arborer sur leurs têtes des chapeaux farfelus. Ces témoignages spectaculaires de leur célibat à cet « âge avancé » ont pour origine l’histoire la courageuse et téméraire sainte Catherine. C’est pourquoi on les appelle les « Catherinettes ». Au IVe siècle, en Egypte, à Alexandrie, sous domination romaine, la jeune Catherine, issue d’une famille royale, perd son père alors qu’elle n’est qu’une enfant. Très jeune, elle se passionne pour l’étude des sciences, des arts et de la philosophie, et fréquente les poètes et les penseurs de l’illustre cité. A l’adolescence, elle épouse, comme sa mère, la religion chrétienne. Après son baptême, illuminée par sa foi et dans un élan mystique, elle se sent « mariée » à Jésus. Un jour, l’empereur Maxence se rend à Alexandrie et exige que toute la population rende hommage aux idoles. Catherine, qui n’a que 18 ans, souhaite rencontrer l’empereur pour avoir une discussion avec lui afin de le convaincre de retirer son exigence. Maxence, prévenu de l’intelligence et de la force du verbe de Catherine, refuse cette joute oratoire. Il lui impose alors de s’exprimer face à une cinquantaine de philosophes convoqués pour la contrer. La jeune femme se montre si convaincante que certains penseurs se rallient à son propos. Cette très belle femme aua un verbe si séduisant que Maxence tombe sous son charme et lui propose de l’épouser. Catherine refuse, en lui opposant le fait qu’elle est mariée à Jésus. L’empereur, furieux d’un tel affront, la jette en prison. Touchée par la grâce et la sincérité de la jeune femme, l’impératrice lui rend visite dans sa geôle et implore l’empereur de la libérer. Ulcéré que l’on ose braver son autorité, Maxence la condamne à être suppliciée. Pour ce, il fait construire une machine faite de quatre roues munies de pointes acérées. Le jour de l’exécution, les pointes la déchirent. La légende veut qu’aucune goutte de sang ne sorte de son corps mais qu’à la place, du lait se répande tout autour d’elle ! Une des roues infernales se brisant même, si bien que pour en finir, Maxence la fait décapiter. Elle devient dès lors la patronne des jeunes filles vierges. Au Moyen Age, on a pour habitude de décorer et de parer les statues des saints, le jour de leurs fêtes. Le jour de Sainte-Catherine, les jeunes femmes non mariées et vierges décorent la statue d’une coiffe, un chapeau confectionné spécialement. Cette tradition perdure jusqu’à maintenant. Elle reste très vivace dans les métiers de la couture et du chapeau. Elle permet à chaque Catherinette de laisser libre cours à son imagination et à sa fantaisie pour créer et décorer son chapeau extraordinaire. Le 25 novembre, de nombreux bals des Catherinettes sont organisés. Alors, mesdemoiselles, à vos chapeaux, et, messieurs, venez faire tanguer le cœur des Catherinettes Les Catherinettes en fête le 25 novembre! Document lelopisi.org/index.phples_catherinettes

l’amour

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L’amour

Vous demandez si l’amour rend heureuse;
Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
Ah! Pour un jour d’existence amoureuse,
Qui ne mourrait? La vie est dans l’amour.

Quand je vivais tendre et craintive amante,
Avec ses feux je peignais ses douleurs :
Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,
Que cette image en paraît moins charmante.

Si le sourire, éclair inattendu,
Brille parfois au milieu de mes larmes,
C’était l’amour; c’était lui, mais sans armes;
C’était le ciel… qu’avec lui j’ai perdu.

Sans lui, le cœur est un foyer sans flamme;
Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
J’ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
Demandez donc s’il donne le bonheur!

Vous le saurez : oui, quoi qu’il en puisse être,
De gré, de force, amour sera le maître;
Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse;
Dès qu’il revient, on tremble nuit et jour;
Souvent enfin la mort est dans l’amour;
Et cependant… oui, l’amour rend heureuse!

Poésies de Marceline Desbordes-Valmore

Précieuses minutes qu’on vole au temps…

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Ce ne sont pas les heures qui sont précieuses, ce sont les minutes. (George Bernard Shaw)

Précieuses minutes que celles qu’on vole au temps qui nous glisse entre les doigts comme du sable. Précieuses minutes que celles qu’on prend à tourner quelques pages dans la lumière du matin. Précieuses minutes que celles où les mots s’accrochent à nos yeux et troublent notre cœur. Précieuses minutes où plus rien n’a d’importance si non, celui du bonheur d’exister au travers d’histoires éternelles couchées sur papier. Histoire qui parle des autres, roman qui parle de vous.  Roberte Colonel

(peinture Carter-John-Michael)

 

 

 

Les maux de Sophie …

 Sophie se renversa en arrière et s’étira longuementElle n’aimait pas la vie qu’elle menait ; mais elle était seule à le savoir. Et de ce mystère elle tirait, en écrivaine rêveuse, une gamme de petites voluptés. Elle se plaisait à dire qu’elle y puisait d’inépuisables sources de joie. A fortiori, tromper un homme tel qu’Alexandre l’enchantait. Elle se réjouissait de n’être pour lui qu’une spécialiste de  mots et de frivolités, avide comme une éponge et douée pour les plaisirs. Il y avait en Sophie un être profond, carnivore, enfoui, qui n’aimait que la lumière.
Cependant elle éprouvait une légère inquiétude – lors qu’elle s’interrogeait sur le besoin  qu’elle avait d’Alexandre, et qui n’était pas seulement physique. « Mon pauvre ami, s’il  savait ! » Bien sûr le jeu d’amour avec cette force épaisse lui plaisait infiniment.  Elle reconnaissait à Alexandre un espoir de possession irrésistible, accompagné d’un instinct amoureux très juste. « Il savait faire », comme eussent dit les amies de Sophie. Ses mains d’orfèvre rêveurs et coléreux avaient le sens du corps de la femme – et Sophie ne rêvait rien de plus exaspérant, de plus aphrodisiaque ni de plus épuisant que ce modelage auquel il la soumettait jusqu’à l’hébétude heureuse. Elle éprouvait, cependant, aucune anxiété à savoir que pour un temps son corps à elle ne dépendait que de lui seul. « C’est dans l’ordre des choses. Et j’ai déjà connu ça. » L’exaltation d’être comblée, chez elle,  ne devenait jamais sevrage. L’essentiel était de garder son esprit clair et libre – au-dessus de la mêlée des membres, au-dessus des soupirs et des cris.
Or c’était là précisément, que se creusait l’inquiétude : l’esprit de Sophie était occupé d’Alexandre. »  – Il aime posséder se dit elle, mais il aime aussi être vaincu,  comme un enfant triste qui aurait perdu des êtres chers.
Ce qu’il déteste en moi,  ce qui l’attache à moi, ce sont les occasions que je lui donne d’être faible.
– Qu’est ce qu’il fabrique, ce salaud ?
Elle refaisait pour la dixième fois le compte dérisoire des jours :
«Son dernier message, ma réponse ça ne fait jamais que deux semaines ! – depuis le jour où il t’a confiait sa véritable  façon de vivre sa vie ! Il t’espace, ma fille ! Et voilà plus de dix jours que tu lui a écrit… Monsieur ce fait rare, Monsieur ne répond pas, Monsieur est un … Mais voilà la vérité : tu ne peux plus te passer de lui ! »  
Elle s’injuria comme elle savait le faire : bassement, sourdement, avec des mots  de charretier ivre. Cependant, elle s’observait dans la glace de la chambre. Ce visage, elle lui trouvait de l’amertume, un chagrin qu’elle ne lui connaissait pas. Elle s’approcha, considéra sa figure, son teint halé,  ces cheveux chatains foncés ,  –  et ce nez droit, ce menton allongé.
« Quand tu seras vieille, on ne verra plus que ton menton et ton nez ! » Murmura t-elle. Puis elle observa ses yeux verts dont le regard devenait fixe.
J’aimerais bien savoir avec qui  ce salaud, cet enfant de salaud me trompe !  Des injures lui venaient aux lèvres, qu’elle refoulait avec peine et parfois elle avait dû contenir un désir aigu de faire scandale. « C’est idiot ! Et ce n’est pas ce que je cherche. » Mais elle était obligée de recourir, pour se tenir en main, à toute sa volonté de femme. Elle joua un instant de cette idée. Mais la chose, a vrai dire ne lui importait guère. « Je suis la plus forte. »  Elle était une écrivaine sans grand talent, une affamée de tout ce qui ne rassasie pas. Elle n’en était que plus lucide. Elle s’observa de nouveau, et la glace lui renvoya  un visage que la perplexité rendait étrange et – charmant. Elle eut un rire intérieur, qui roula dans sa gorge. « Il n’y a pas de femme qui puisse m’enlever Alexandre ! »
Que cherchait – elle ? Sophie ne le savait pas clairement elle-même. Elle se sentait bizarrement écartelée : subissant à la fois la haine et l’attraction de l’invisible qu’elle niait et qu’elle ne voulait pas nommer.   Oui c’était l’amour d’Alexandre qu’elle cherchait là sans aucun doute. « Il y avait autre chose en elle.  Un besoin désespéré. Comme une volonté de détruire ce qu’elle aimait. Alors que dans la demi clarté de l’unique lampe, ses traits pâles revêtaient une sorte de pureté lointaine, inaccessible.
Sophie venait de parler à voix  haute, suivant sa pensée comme un fil d’Ariane. Instinctivement, elle s’était approchée de la glace et elle se regardait. Le visage, cette fois elle ne le reconnut pas : c’était un masque pâle, les pommettes saillantes y creusaient  les joues. Et ce pli au bord des lèvres, où  le ressentiment se lisait. Et ce regard enfiévré. « Arrange toi pour que Alexandre ne voie jamais cette tête là ! Jamais » (Texte Roberte Colonel) (Photo  d’Emily Blunt)

Maintenant que les mots ne viennent plus…

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Maintenant que les mots ne viennent plus
que le sable a comblé
la place du marché
que le temple est vide

Tu redeviens l’étranger
par qui l’inquiétude ancienne
psalmodie ses silences
sur nos mémoires effrangées

Vieille idole sacrifiée
tu retournes
dans les limbes sans coup
de feu sans intrigues

Alors parmi les ombres il ne restera
sur la piste muette
au centre du cercle rompu
que la silhouette d’un homme seul

un danseur
virevoltant
sur une valse
à quatre temps

(Poésie de Fulvio Caccia, Lilas) (peinture de Eric Armusik)

Souviens-toi que les jours passent sur toute chose…

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Voici extrait quelques pages de mon récit publié « Où es tu Maman ? » ensuite de mon manuscrit non publié à ce jour« Une vie à s’attendre » 

Ces pages auront leur place ici en ce jour de 1er novembre fêtes de la Toussaint et du 2 novembre jours des Défunts.

Information a ceux d’entre vous qui ne connaisse pas mon histoire :

Enfant de l’Assistance publique de la Seine, abandonnée en 1944 à l’âge de trois ans, j’ai pressenti très tôt que des événements me manquait, et que trop d’amour me liait depuis toujours à ma Maman. Il m’était impossible de laisser dormir mon dossier d’abandon et de souffrir sans savoir. Je vais donc entreprendre en 1999 des recherches douloureuses, longues, et obstinées, qui vont faire ressurgir des souvenirs qui m’aideront à faire de mon passé une merveilleuse histoire d’amour entre Maman et moi. Preuve que le sentiment inassouvi et la volonté d’aimer peuvent mener à la vérité.

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 Souviens-toi que les jours passent sur toute chose, estompent les actions, effacent les œuvres et font mourir les souvenirs, à l’exception de ce qui fut gravé dans le cœur des hommes par l’amour, et qu’ils se transmettent de génération en génération. » (Aristote)

 « Où es-tu Maman ? »

Nous étions partis pour le cimetière de Thiais en famille et tandis que nous en approchions, l’appréhension de me retrouver devant la sépulture de Maman m’effrayait. Dès notre arrivée, nous avons parcouru les nombreuses allées numérotées inscrites sur un plan. Puis nous avons compté une à une les tombes mortuaires à la recherche de la stèle de Maman. En dernier lieu nous n’apercevions autour de nous que des tombes en très mauvais étaits datées des années 1970 et abandonnées par les familles.

A ne pas trouver la tombe de Maman, j’étais désespérée. Un instant mes jambes furent privées de réflexes, elles semblaient ne plus pouvoir me soutenir, je ne parvenais plus à mettre mes pieds l’un devant l’autre, je me trouvais dans une situation de découragement total ; je ne cessai d’appeler Maman. En situation de folie je la suppliais de bien vouloir me faire un signe :  

-« Réponds-moi Maman, je suis là ! Réponds moi Maman, où es-tu Maman ? » J’avais tant de fois rêvé la retrouver et ceci bien sûr n’était resté qu’au niveau du rêve de la pure imagination… que de rester ici plongée dans cet endroit frontière entre elle et moi, entre passé et présent, le rêve d’un espace libre où je pourrais enfin lui dire combien elle m’avait manquée, combien j’avais espéré son retour.

-« Où es-tu Maman, réponds moi, je suis là Maman » : ces mots qui me venaient alors très précisément étaient ceux prononcés pendant la période de mon enfance.

Dans la magie de la nuit, lorsque j’étais enfant, j’appelais maman de toutes mes forces sans faire de bruit. C’est tout à fait étrange de ressentir aussi nettement, brutalement, que là dans ce cimetière les mots que j’ai dits, pas un de plus qui ne soit aussi précis. Pourquoi l’ai-je appelée encore de la sorte ? Je tapait les pieds, je voulais qu’elle m’entende, je la suppliais encore et encore, sans maîtrise. Comment ai-je pu pendant un moment avoir un tel égarement, dans mon comportement ?

Cependant, j’ai compris depuis peu que mon trouble n’avait rien à voir avec un caprice d’enfant. J’invoquais Maman parce que je voulais que mon rêve de petite fille trouve sa réponse dans ce cimetière, pour ériger un point d’ancrage auquel m’accrocher à elle dans ce lieu.

Maman avait pris son envol en ne me laissant aucune explication, il était vain de me dire « peu m’importe » ! Je voulais conjurer dans ce cimetière ma peur qu’un jour mes manques d’elle soient toujours en moi ; c’était bien au nom de ce refus obstiné de l’avoir perdue, qu’il m’importait encore de la rechercher.

« Je suis là Maman ! Où es-tu Maman ? Fais moi un signe, je t’en supplie, fais moi un signe pour que je puisse te retrouver ».

A-t-elle pu m’entendre dans son petit coin de ciel tout là-haut ? Non c’est impossible, j’observais ma famille compter les emplacements des tombes, leurs silhouettes se déplaçant au ralenti ; le flou de l’instant transformait leurs apparences en spectres fantomatiques, se détachant en toile de fond dans le cimetière ! J’étais dépossédée de tout discernement rationnel. Encore aujourd’hui il m’est impensable d’expliquer ce sentiment terrible que fut pour moi ce dédoublement de personnes.

Je regardais les fantômes (ma famille) se pencher sur un petit monticule de terre semblable aux autres tombes mal entretenues. Je me demandais ce que ces fantômes pouvaient bien faire à cet endroit. Sans savoir ce qui m’arrivait, j’étais détachée de ma famille et du visible qui m’environnait. Je ne suis sortie de ce cauchemar qu’au moment où j’ai entendu la voix de mon mari me préciser que d’après le plan qu’il avait entre les mains, la tombe de Maman se trouvait bien là où nous étions prostrés ! Penchée au- dessus de la sépulture, aucun signe visuel ou symbolique ne me permettait de supposer que ce fut bien l’endroit où Maman reposait. A l’instant même où mon mari a affirmé avec certitude que la tombe que nous recherchions était là sous ses pieds, que s’était-il donc passé pour que cet emplacement soit si dérisoire à mon coeur ?

En venant au cimetière à la recherche de l’endroit où devait se trouver le corps de Maman, je m’étais imaginée qu’il me serait facile de communiquer avec elle, mais rien ne s’était produit dans l’immédiat sur cette tombe… Jusqu’au moment où, de façon irrationnelle, tout fut à nouveau confus autour de moi. Je n’ai pas su réfréner l’appel intérieur qui me poussait à quitter l’emplacement où nous étions restés prostrés pour nous recueillir.

Je perdais pied une fois encore, j’essayais de lutter de toutes mes forces contre cette exaltation qui me soulevait de terre et me poussait à enjamber une petite allée entre deux tombes, face à celle où ma famille s’était posée. Une sépulture retint particulièrement mon attention. Je me souvenais être passée par deux fois à cet endroit et, mieux encore, je me rappelais avoir posé un regard critique sur cette tombe mal entretenue. Je m’étais indignée à haute voix trouvant qu’il était inadmissible, voire scandaleux, de laisser des sépultures en cet état ! Pour quelles raisons cette tombe me fascinait-elle autant ? Pendant un moment, je restais anéantie devant cette pauvre stèle craquelée, à moitié béante. Le couvercle de ciment censé recouvrir le cercueil était en très mauvais état, ceci sans doute dû aux nombreuses tourmentes des saisons.

Pourquoi une telle fascination pour l’endroit ? Mentalement je m’égarais, il me fallait essayer de comprendre ce qui m’attirait particulièrement à cet endroit. L’air ne pénétrait plus mes poumons je suffoquai, je vivais des minutes si troublantes, si émouvantes que mes jambes ne me soutenaient plus ; je chancelai. Comme s’il s’était agi d’un rêve, je fus happée en quelques secondes dans un tourbillon de douceur, cet égarement si soudain fut suivi d’un éblouissement de grande intensité, tandis qu’autour de moi tout se mit à vaciller. Incapable d’effectuer le moindre geste, je n’avais plus de contrôle sur mes réactions, je vivais un état rare et précieux. Cet endroit était extraordinairement bouleversant, y avait-il une raison particulière à cela ?  Le bleu du ciel était d’une douceur infinie, la lumière apaisante du soleil réchauffait mes épaules, et je sentis doucement la langueur s’emparer de mon corps. Je restais prostrée à fixer l’endroit, j’oubliais ce qui m’entourait, les minutes que je vivais m’offraient un refuge extraordinaire de paix. Je ne saurais pas dire si ce moment de contemplation dura quelques minutes, ou peut être que ce ne fut que quelques secondes ; instants surnaturels où il me fut si facile de ne plus souffrir en pensant à Maman. Bouleversée, je sortis enfin de ma léthargie pour reprendre doucement conscience sur la réalité de ma présence dans ce cimetière.

Au vue de mon étrange comportement mon mari s’alarma, il m’implora de quitter au plus vite ce lieu, je ne comprenais pas son insistance, ne pouvait-il donc pas me laisser en paix ?

Pour moi il n’était pas question de partir si vite, ce moment était magique, il ne pouvait pas exiger que je quitte déjà ce lieu. J’essayais de le convaincre que nous avions encore du temps devant nous avant de reprendre notre route… mais rien ni fit, il ne m’entendit pas, et bien malgré moi j’ai du le suivre, en abandonnant la stèle. Mais, comme l’on couvre d’une couverture un enfant pour qu’il ne prenne pas froid, j’ai pris le soin de reboucher l’emplacement béant de la stèle d’un morceau de ciment. Mon geste obéissait à une volonté insensée, j’étais en harmonie avec ma démarche : si dans les jours à venir, l’eau de pluie tombait très fortement sur la stèle elle ne pourrait pas s’infiltrer à l’intérieur de la sépulture !…

Je n’apprendrais que la semaine suivante que la stèle sur laquelle j’étais restée figée, à moitié inconsciente, que cette stèle était… celle où reposait Maman.

On peut s’interroger sur le fondement du rationnel, ou bien encore sur celui de l’irrationnel !

Mais alors, quelle explication peut-on donner sur cette vérité que je décris ? Quel est ce mystère qui me propulsa par deux fois justement à l’emplacement où se trouvaient les restes mortuaires de Maman ?

Bien sûr, nul autre que mon mari ne peut affirmer que ce que je décris est la vérité, mais qu’importe ! Moi, je reste extrêmement troublée par l’élan médiumnique qui avait servi d’intermédiaire entre Maman et moi.

Ferai-je un jour mon deuil de Maman ? Je n’en n’étais pas encore là. Ma douleur de ne pas l’avoir retrouvée de son vivant empêche pour l’instant ma complète guérison.

Ceux qui auront vécu de semblables événements comprendront-ils que l’on ne peut se débarrasser de ses maux, de continuer une histoire sans savoir précisément où celle-ci a débuté !

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Avec l’aimable autorisation de publié:  Photo Studio 56 Digital Imaging 

Quand nous ne savons plus faire un seul pas, la vie, elle, sait comment poursuivre. Là où nous désespérons de toute issue, elle en propose des dizaines. Il suffit de lui garder confiance. Il suffit d’aller jusqu’à ce point en nous, si ténu que le désespoir ne peut s’en saisir, comme il fait du reste. (C Bobin)

Quand la souffrance est trop présente et que l’on réussit à en parler, on peut penser que la guérison est imminente. Voilà pourquoi aucune histoire n’est innocente. 

Ce ci se passa quelques jours avant la relève du corps de Maman, je me sentais fatiguée, et je désirais prendre un peu de repos. C’était un samedi, et une bruine obscurcissait le ciel. Les nuages si sombres me faisaient penser à une journée de Toussaint.

Mon mari, installé confortablement devant le téléviseur, se passionnait pour un match de football, il était loin de se douter de ce qui allait se passer dans notre chambre a coucher. J’étais allongée sur mon lit, les yeux dans le vague lorsque soudain je sentis mes forces faiblir, il me sembla alors que mon corps flottait dans l’air. Hagarde je fixais les murs, une multitude de pensées envahissaient  ma tête quand je fus prise d’un vertige, tout au tour de moi se mit à vaciller. Et ce fut à ce moment que devant mes yeux je vis apparaître l’entrée d’un tunnel éblouissant de lumière, je pénétrais doucement à l’intérieur. J’avais la sensation  de marcher sur un tapis recouvert de ouate. Plus j’avançais plus la couleur devenait blanchâtre et douce. Ce n’était pas une hallucination, ce que je voyais de mes yeux était d’une beauté extraordinaire. J’étais si bien dans ce doux cocon douillet, que je ne fus pas surprise de voir apparaître Maman. Elle me tendait ses bras, me faisant signe  de la rejoindre. J’aurais aimé répondre à son appel, je me souviens de lui avoir tendu mes deux mains, ce moment fut d’une telle intensité de douceur, de quelle force ai-je donc bénéficié pour ne pas la rejoindre, alors que je la visualisais dans ce tunnel de lumière.

Je savais ce moment précieux : surtout ne pas bouger, ne pas avancer vers elle. Simplement échanger des mots, lui dire, non… la repousser doucement, me détourner d’elle, lui dire que c’est trop tôt, qu’au de là de toutes ces années à l’espérer nous pouvions encore attendre un peu pour nous rejoindre. Mais c’était trop cruel, pas un son ne parvenait à sortir de ma bouche.

– Pas maintenant, pas encore, non Maman, je ne peux pas encore te rejoindre, ce n’est pas le moment, j’ai tant de chose à faire ici.  Ce moment allait me quitter, je le savais ; ma résistance à ne pas vouloir m’enfoncer plus en avant dans le tunnel pour la rejoindre, allait ce refermer. Mais peu importe, un jour Maman reviendrait me chercher, je le sais.

Je n’avais pas vécu une expérience de spiritisme, mais peut-être ne pouvais-je pas aller plus loin que ce long, long moment d’immobilité au cours duquel j’avais eu la révélation d’avoir à prendre une décision. Une décision qu’un jour je prendrais. Je me sentais impuissante, comme dans un rêve où l’on court s’en savoir si on veut atteindre une destination ou si l’on fuit, où l’on sait seulement qu’il faut que l’on avance malgré ses jambes de plomb.

J’ai repris doucement conscience, et pour ne pas sombrer à nouveau je me suis levée et je suis allée demander de l’aide à mon mari. Il me dit ne rien pouvoir faire pour moi, et je compris qu’il était trop passionné par son match de football ; Je vis qu’il ne m’écoutait que d’une oreille. Cependant, j’avais besoin d’aide, c’était urgent sinon j’allais perdre la raison pour de bon. La seule solution raisonnable qui me vint à l’esprit fut d’appeler le docteur Boris Cyrulnik, Neuropsychiatre auteur de nombreux livres. Boris Cyrulnik avait été mon Maître en écriture pour l’approche de mon livre « Où es-tu Maman ? ». J’eus aussitôt l’envie de lui parler de cette expérience. Je me souviens combien j’avais crains de le déranger au téléphone, cependant je ne doutais pas que s’il se trouvait chez lui, il prendrait quelques minutes de son temps pour m’aider. Ce qu’il fit avec toute la gentillesse qui le caractérise. Je lui racontai comment, allongée sur mon lit, je m’étais sentie soudainement éperdue d’angoisse, Je parlais de mon entrée dans le tunnel lumineux, de l’appel que me lançait Maman en me tendant ses bras, de ma détresse de n’avoir pu la suivre. Avec compassion, Monsieur Cyrulnik m’aida à comprendre mon malaise. Il me persuada que je n’avais pas perdu la raison comme je le prétendais

– « Non Madame vous n’avez pas perdu la raison, votre souffrance est telle qu’il vous est difficile d’accepter de couper le cordon ombilical d’avec votre maman » ; il m’apaisa, me conseilla de ne pas garder les cendres de Maman dans notre appartement mais de les porter au columbarium de ma ville dès notre retour de Paris. Il continua pendant quelques minutes de me rassurer et lorsque prit fin notre entretien, j’étais de nouveau confortée de l’utilité d’avoir su aller jusqu’au bout de ma démarche et d’obtenir que me soient rendus les restes mortuaires de Maman. Non je ne devenais pas folle, il s’était bien passé quelque chose là-haut, quelque chose dans l’au-delà entre Maman et moi.  

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« Tout récit participe à la naissance d’un sentiment qui construit nos espoirs, nos tristesses et nos étrangetés. » (Boris Cyrulnik)

La relève du corps de Maman.

-Était-ce bien Maman que l’on allait installer dans ce petit cercueil de bois ?   Comment feront ils pour déposer maman dans le cercueil il est si petit ? Et pourquoi un si petit cercueil, alors que j’avais appris que Maman était très grande ?

Non, ce ne pouvait pas être Maman…

Et si le personnel du cimetière avait fait une erreur en se trompant de numéro de sépulture ! 

Ma tête. -oh ! Ma tête ! J’avais si mal. Je n’arrivais plus à maîtriser les petits tremblements de mes mains, de mon corps. À vouloir me convaincre d’arrêter de trembler, mon corps se tétanisait. J’avais beau cherché à me raisonner, mes bras et mes jambes étaient agités de petits mouvements saccadés, je les ai imploré; pour qu’ils arrêtent d’osciller de la sorte ! Je devais impérativement me calmer, me résonner, il était indécent de vouloir récupérer le corps de Maman, alors que j’étais dans cet état. Je serrais mes mains l’une dans l’autre, pensant pouvoir réussir à vaincre mon chagrin, mais cette pensée n’était qu’illusoire, car rien n’y faisait ! Ma peine était trop forte. Je jugeais mon comportement parfaitement débile, ma conduite n’était pas digne de l’objectif que je m’étais fixé ! Il me fallut de longues minutes d’égarement avant de prendre réellement conscience que c’était bien les restes mortuaires de Maman qu’allait m’octroyer le personnel du cimetière.

J’avais attendu ces instants-là depuis si longtemps, qu’à force de lutter contre ma souffrance, j’étais maintenant épuisée. Je me souviens que pendant un court instant je n’avais plus su ce que j’étais venue faire dans le cimetière… et, j’avais entrepris de nouveau une conversation avec moi-même…S’agissait-il de venir chercher Maman ? -Oui bien sûr, mais pourquoi ici ? Parce que c’était sa dernière demeure. Je n’arrivais plus à maîtriser mon émotion ; je ne comprenais plus rien de ce qui m’arrivait. Une douleur terrasse mes mains, mon visage, mon ventre. J’allais mourir ici, à cet endroit, j’avais si mal !

Et puis, que faisait donc mon mari à se tenir ainsi, penché au dessus de ce trou colossal creusé le matin même par les employés? Que faisait-il donc là-bas, au lieu de se trouver près de moi ? Pourquoi n’était-il pas à mes côtés, à m’entourer de ses bras pour me réchauffer ? Je ne raisonnais plus avec discernement ; je n’étais plus dans une logique normale, mais dans un état de choc, égarée, proche de la folie. C’était une de ces situations qui durent un temps insupportable, un de ces moments si douloureux à vivre que ceux à qui une situation similaire n’est pas arrivée auront sans doute bien du mal à comprendre.

Je n’eus que quelques minutes de recueillement la main posée sur le cercueil avant que la porte du fourgon funèbre se referme, emportant Maman au funérarium du Père-Lachaise. Je serais conviée deux jours plus tard à venir reprendre les cendres de Maman. Mon mari et moi étions attendus à neuf heures, pour la remise des cendres. Dès notre arrivée au Père-Lachaise, le Directeur du cimetière est venu nous saluer et nous remettre l’urne. Il connaissait un peu l’histoire qui me liait à Maman, et c’est sans doute parce qu’il le savait qu’il eut ce geste magnifique envers moi. Il prit doucement ma main, la posa sur l’urne où se trouvaient les cendres de Maman, puis il m’aida à mettre mon autre main pour l’enserrer. Ce fut un moment si fort qu’il m’est impossible d’en oublier le moindre détail. Dans ma tête, dans mon cœur, je ne réalisais pas que c’était les cendres de Maman qui se trouvaient en ma possession, dans l’urne que je tenais serrée entre mes deux mains, c’était Maman.

Avant notre départ, le Directeur eut encore cette délicatesse il m’avait semblé lui entendre me dire : -« Madame, prenez soin de votre maman », alors qu’il avait simplement dit :- « Madame prenez soin de l’urne de votre Maman ». Ce professionnel, habitué de voire tant de situations douloureuses, avait compris ce que je ressentais si fort. Notre retour de Paris se passa bien. Nous avions mis la boite en velours bleu foncé, contenant l’urne et les cendres de Maman, dans le coffre de notre voiture. J’avais obtenu ce que je m’étais fixé pendant des mois, à savoir ramener les cendres de Maman dans le cimetière de ma commune. Cependant je n’arrivais toujours pas à intégrer dans ma tête que tout ce que j’avais entrepris était fini ! A notre arrivée chez nous, j’ai pris l’urne et l’ai montée dans notre appartement. Le lendemain matin, j’ai demandé à mon mari et à notre fils de me laisser seule, pour être dans une totale intimité avec Maman. J’ai ressorti doucement l’urne de sa boite et j’ai entrepris de faire le tour de notre appartement avec Maman. Je lui ai raconté notre vie, lui ai montré des photos de nos enfants, de nos petits-enfants, après  un long moment  , j’ai remis doucement l’urne dans sa boite de velours. L’après-midi nous sommes partis en famille au cimetière placer l’urne à l’emplacement que nous lui avions réservé face à la montagne enneigée.

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Menuet d’automne…

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Menuet d’automne

Les astres et les véroniques

De leurs corolles sans parfums,

Laisse tomber sur les parterres,

Où d’autres fleurs ne s’ouvrent plus

La tristesse mystique et lente des adieux

 

Mauve tendre et vert alanguie,

Leurs teintes vagues s’harmonisent

Aux ciels lavé du prime automne,

A la souriante langueur

Des beaux jours, près de s’envoler.

 

Bouquet de souvenir et non bouquet de deuil

L’or violent des chrysanthèmes,

Le sang pourpre des dalhias,

N’altèrent point leurs éclats doux

 

En mineur, d’une voix éteinte

Et sur un mode atténué, les asters et les véroniques,

Au vent fraîchi qui les caresses,

Marmonnent des refrains d’adieux.

 

C’est la saison prestigieuse

Où les arbres portent des feuilles

De topaze et de rubis,

Ou la grive à travers

Les pampres fauves

De rutilante orfèvrerie. (Laurent Tailhade) (1856-1919)

Pour la Toussaint nos cimetières sont fleuris de cyclamens, de bruyères et surtout de chrysanthèmes.

Le chrysanthème est une fleur lumineuse !

Dans des pays autres que chez nous, il est le symbole de la perfection et de la joie.

Mais savez-vous que le chrysanthème est originaire de Corée, qu’il est passé par la chine et le Japon avant d’être introduit en France en 1789.

 Fleur culte au japon, il a été l’emblème de la maison impériale, la légende lui accorde de nombreuses vertus, dont celle de Chrysanthème Comestible. (doc :blog prima.overblog)

 

 

 

On écrit mieux quand l’âme est perturbée

On écrit mieux quand l’âme est perturbée, quand le cœur s’emballe, parce que les textes traînent un trouble, une souffrance de la vie. (Isabelle Barry)

Les mots s’emballent et je ne peux les retenir. Le temps a cicatrisé mes blessures mais un mot de trop et tout chavire autour de moi. Je ne maîtrise plus les battements de mon cœur, mes pensées sont insensées et je vole, vole vers des horizons fantasmagorique. Je ne suis plus moi mais l’écrivaine d’hier qui pouvait couvrir de mots ses pages blanches de souffrance, de tristesse, de regrets. Ce soir une inconnue est venue troubler ma douce quiétude de fin d’après midi.  Sa voie est a peine audible pourtant je perçois chez elle une tristesse infinie. Elle me dit avoir lu mes livres et soudain je m’inquiète. Elle me téléphone d’un département que je connais très bien pour y avoir passé de nombreuses années en premier pour mes études puis, dans ma vie professionnel. En lectrice fidèle elle me demande si j’ai publié mon troisième livre comme je m’étais engagée à le faire. Je suis étonnée de voir qu’au bout de huit longues années elle ne m’est pas oubliée.

L’écrivain est une personne ordinaire, peut être est-on un peu plus sensible que d’autre, ce qui fait que lorsque j’écrivais je ne mesurais pas la portée de mes  écrits. Ce soir je prends conscience que ma trace écrite est restée gravée dans le cœur de cette dame. Tout au long de mes dédicaces j’ai reçu beaucoup de témoignages mais ce soir celui de cette dame me rend tout à la fois humble et émue. Je me dis que rien ne s’oublie jamais lorsque que l’on a su laisser parler son cœur. Mon livre « Où Es tu Maman ? » Un  Récit,  témoignage d’une enfance abandonnée. L’histoire que vient de me confier cette dame est différente et toute aussi bouleversante que fut mon histoire. Je me devais de l’entendre tellement est grande sa détresse. Avant d’entreprendre l’écriture de mon manuscrit aucune  personne  n’avait  réellement voulu entendre ce que j’avais à dire sur mes souffrances d’enfant. Ce soir je comprenais d’autant mieux cette dame sur sa quiète de vérité sur ses origines. Les encouragements que je viens de lui prodiguer l’aideront sans doute à trouver un peu sérénité. Mes encouragements l’aideront aussi à déposer ses maux sur les pages de son cahier. Elle n’est plus seule… je serais là. (Texte Roberte Colonel)

 (Peinture Prieto- Evangelina)

« Nous sommes tous un peu sourds quand cela arrange notre bonheur. Cela repose un peu de ne pas tout entendre. » (Thar Ben Jelloun)

 

« Le vrai écrivain n’est pas celui qui raconte des histoires mais celui qui raconte dans l’histoire la sienne et celle plus vaste du monde dans lequel il vit. » (Citation Philippe Rhot)

Le mauvais garçon, c’est avant tout celui qui ne nous convient pas…

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Le mauvais garçon, c’est avant tout celui qui ne nous convient pas.

Un article que je viens de lire et l’envie de le partager avec vous sur mon blog .

Getty Images/i Stockphoto

Qui n’a pas au cours de sa vie craqué pour le mauvais garçon, sur le front duquel il est pourtant écrit en lettres énormes et lumineuses:« Danger, briseur de coeur »? Difficile d’en expliquer les raisons, mais pour notre plus grand malheur, le bad boy, entendons par là l’homme qu’il ne nous faut surtout pas, est doté d’un pouvoir d’attraction inversement proportionnel à sa fiabilité. Pourquoi un tel manque de lucidité? Pourquoi, en dépit de ce que l’on pourrait prétendre, la gentillesse n’est pas forcément ce qui nous fait fondre en premier chez l’autre? 

« Pour répondre à ces questions il faut tout d’abord définir ce que l’on entend par « mauvais garçon », explique la psychologue Patricia Delahaie (1). « Selon moi, plus que le voyou ou le rebelle, c’est celui qui ne nous aime pas et qui va nous faire du mal« . Autrement dit, le bad boyn’est pas toujours celui que l’on pense et ne se reconnaît pas forcément au premier abord. « Un homme n’est pas forcément un bad boy dès le début, ou au contraire il l’est mais ne le sera pas avec nous. Ce sont les sentiments que l’on va éprouver au fur et à mesure de la relation qui vont nous mettre sur la voie ». Et de glisser que cela vaut également pour les hommes qui tombent ou croient tomber amoureux de bad girls (mauvaises filles). 

Lorsque l’on confond « résistance » et « virilité »

Plus que les « mauvais garçons », ce qui attire, suggère par ailleurs Patricia Delahaie, « c’est la résistance ». « On a tendance à assimiler résistance et virilité, au risque de se tromper sur ce que l’on ressent vraiment ». « J’ai toujours été comme cela, confesse Audrey, 39 ans. Je me souviens, petite, je regardais Candy. Et celui qui me plaisait c’était Albert, avec son regard ténébreux et sa fâcheuse tendance à prendre la fuite quand les choses devenaient sérieuses. Anthony, le doux prince aux yeux bleus, je le trouvais super niais. Idem dans la majorité des comédies romantiques. C’est le vilain qui me plait: dans Bridget Jonespar exemple, c’est Daniel Cleaver, ce menteur dragueur invétéré qui me ferait courir pieds nus sous la neige et pas Mark Darcy, le bon parti, pourtant ». 

Ce penchant pour ceux qui ne lui veulent pas que du bien, Audrey l’a aussi pour les hommes « dans la vraie vie »: « je ne le fais pas exprès, mais mon coeur bat tout de suite beaucoup plus vite pour un type un peu volage, un peu énigmatique, qui va me glisser entre les doigts, me rappeler quand ça lui chantera, me faire passer des soirées à vérifier que mon téléphone n’est pas en dérangement. J’aurais pu faire ma vie il y a quelques années avec un vrai gentil. Mais la vérité c’est qu’il n’y avait pas de défi, je m’ennuyais ». 

Amalgamer « amour » et « défi »

Cette notion de « défi », Patricia Delahaie estime qu’elle n’a pas grand chose à voir avec l’amour. « S’aimer, c’est se faire du bien, c’est fabriquer du bonheur. Lorsque l’on est dans une espèce de compétition, dans un jeu de chat et de la souris, suis-moi je te fuis, fuis-moi je te fuis, on se situe plus dans une relation passionnelle, qui n’a souvent que peu d’avenir à long terme ». Pour la psychologue, « lorsque le schéma se répète sans cesse, que l’on multiplie les relations amoureuses toxiques qui font mal et que seuls les hommes ne nous aimant pas nous séduisent, il faut s’interroger sur ce que l’on cherche vraiment ».  

« Souvent, les femmes qui craquent systématiquement pour celui qui ne leur conviendra pas ont eu à se battre durant leur enfance pour obtenir de l’amour et pensent inconsciemment qu’elle ne peuvent aimer et être aimées qu’ainsi, dans un esprit de conquête », analyse Patricia Delahaie. Isabelle 36 ans, et « championne du monde des choix amoureux foireux » a quant à elle compris qu’en essayant toujours de conquérir « le garçon que tout le monde essaie d’apprivoiser », elle tentait de se rassurer sur son propre cas. « Il y avait quelque chose de très narcissique dans ma démarche, comme je n’arrivais pas à m’affirmer dans une bande et dans la vie, être la petite amie du mec cool me donnait une stature. Sauf qu’en réalité j’étais son ombre, rien de plus. » 

Une question d’hormones? 

Et si, plus qu’une propension à choisir le mauvais garçon, les femmes étaient victimes de leurs hormones? C’est en tout cas ce que suggère une étude de l’Université du Texas, pilotée par la chercheuse Kristina Durante. Selon cette dernière, lorsque les femmes sont en pleine période d’ovulation, elles se sentent plus attirées par les beaux parleurs, un profil d’hommes qu’elles rejetteraient en temps normal. Inconsciemment, « les hormones associées à la fertilité les conduiraient à se faire des illusions sur ce type d’hommes et à penser que ces derniers pourraient être des partenaires dévoués et de meilleurs pères, sans s’interroger au préalable sur leur fiabilité ». 

Croire qu’on va « pouvoir le faire changer »

« Ce qui interroge en réalité, ce n’est pas forcément cette attirance pour les bad boys – après tout, oui, parfois cela peut être un peu excitant de séduire le caïd de la bande – mais plutôt cette question: combien de temps on reste alors qu’il nous fait souffrir? » Parce qu’en effet, la « magie » du bad boy dure parfois plus qu’une folle soirée. 

« Ce qui m’avait plu chez Yann au départ, c’était son côté chef de bande, raconte Sophie, 32 ans. Je m’étais inventée, je crois, que je le changerais, qu’il cesserait d’être cet indomptable écorché vif. J’ai mis trois ans à comprendre que je m’inventais des histoires. Non seulement en effet je ne l’ai pas changé mais surtout, je me suis rendue compte au bout de trois ans de vie commune qu’il n’était pas si séduisant. Voire même qu’il était un peu pathétique, à plus de trente ans, avec sa grosse moto et ses journées passées au bar plutôt qu’à chercher un boulot. Surtout, vivre avec quelqu’un dont on a sans cesse peur qu’il s’en aille, c’est épuisant. »  

Aujourd’hui, après avoir congédié son motard, Sophie coule des jours tranquilles avec son nouvel amoureux, « beaucoup moins ténébreux mais gentil, tout en sachant exactement ce qu’il veut pour nous ». « Je découvre à quel point c’est bon d’avoir confiance, de ne plus me faire un sang d’encre qu’il m’annonce que finalement c’est terminé, qu’il a trouvé mieux ailleurs. Et le quotidien avec lui, je ne le trouve pas ennuyeux mais doux et reposant ».  

La gentillesse, une qualité pourtant hautement désirable

« L’idéal, confirme Patricia Delahaie, c’est peut-être un gentil, avec du caractère. Je crois que les femmes n’aiment pas fondamentalement les mauvais garçons. Ce qui n’est pas très séduisant peut-être, c’est l’incapacité à prendre des initiatives ou des décisions, ce qu’on pourrait qualifier de mollesse. Mais l’honnêteté, la gentillesse, la tendresse, ce sont des qualités hautement désirables ». Et de conclure: « Il faut se vouloir du bien en amour, avant tout! » Un mantra qu’Isabelle a fait sien depuis sa rencontre avec David. « Il n’est pas celui que l’on va remarquer en premier, mais lui me remarque justement, et me rend enfin heureuse ». Et si la maturité amoureuse finalement, c’était cela,désirer quelqu’un qui nous fait du bien? 

(1) Ces amours qui nout font mal, Comment guérir d’une relation toxique? Patricia Delahaie, éd. Marabout 

Journaliste, Caroline Franc Desages est aussi l’auteur du blog » Pensées de ronde » 

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