Victor Hugo à Juliette Drouet…

« J’aime cette lettre qui prolonge le mystère d’une belle nuit d’amour, loin du tumulte, dans le silence. » Roberte Colonel

C’est pour honorer la nuit qui les rapprocha huit années au paravent que Victor Hugo envoie cette tendre lettre à Juliette Drouet

Nuit du 17 au 18 février 1841

T’en souviens-tu, ma bien-aimée ? Notre première nuit, c’était une nuit de carnaval, la nuit du mardis-gras de 1833. On donnait je ne sais dans quel théâtre je ne sais quel bal où nous devions aller tous les deux, et où nous manquâmes tous les deux. (J’interromps ce que j’écris pour prendre un baiser sur ta belle bouche, et puis je continue.) Rien, — pas même la mort, j’en suis sûr, — n’effacera en moi ce souvenir. Toutes  les heures de cette nuit-là traversent ma pensée en ce moment l’une après l’autre comme des étoiles qui passent devant l’œil de mon âme. Oui, tu devais aller au bal, et tu n’y allas pas, et tu m’attendis, pauvre ange que tu es de beauté et d’amour. Ta petite chambre était pleine d’un adorable silence. Au dehors, nous entendions Paris rire et chanter et les masques passer avec de grands cris. Au milieu de la grande fête générale, nous avions mis à part et caché dans l’ombre notre douce fête à nous.  Paris avait la fausse ivresse, nous avions la vraie.

N’oublie jamais, mon ange, cette heure mystérieuse qui a changé ta vie. Cette nuit du 17 février 1833 a été un symbole et comme une figure de la grande et solennelle chose qui s’accomplissait en toi. Cette nuit-là, tu as laissé au dehors, loin de toi, le tumulte, le bruit, les faux éblouissements, la foule, pour entrer dans le mystère, dans la solitude et dans l’amour. Cette nuit-là, j’ai passé huit heures près de toi. Chacune de ces heures a déjà engendré une année.  Pendant ces huit ans, mon cœur a été plein de toi, et rien ne le changera, vois-tu, quand même chacune de ces années engendrerait un siècle.

altes Buch mit Tusche und Feder

Cas unique dans la littérature Française, Juliette Drouet, la maitresse de Victor Hugo, aura reçu et écrit plus de lettre que l’épouse de l’immense écrivain. Cinquante ans de lettre de passion historique retracent cette grande histoire d’amour, à l’image d’un serment de renouvellement d’une passion qui n’a jamais pu s’officialiser.

« D’où l’importance de l’envois de lettres écrites… »

(Déjà parue sur mes pages de mon blog marielianne 21/05/2016.)

Bribes de textes choisies en flânant sur mes poésies…

11224364_765436470250247_8876417564944682002_n

Bribes de textes choisies en flânant sur mes poésies

Retenues où clamées un jour où il fit gris dans mon cœur.

Etais-ce en Automne ou bien étais-ce en hiver ?

Jour de douleur dans ma poitrine

Où mes mots se perdaient sur des ruines de phrases vidées de tous leurs sens.

Où je me disais qu’il y en aurait d’autres qui viendraient prendre place

Pour des lendemains bien différents.

Des mots comme si rien n’avait jamais eu lieu

Ce qui se lie reste-t-il lié à jamais ?

Se délie–t-il pour être relié ?

Lié puis relié sans fin ?

On ne peut se passer de ce qui nous a liés.

Qui de nous peut dire quand exactement

Les fissures deviennent des fêlures ?

Puis se muent en gouffres infranchissables.

Nous mêmes l’ignorons, nous le découvrons qu’en nous perdant.

Copyright©2018Roberte Colonel

La danseuse de flamenco…

Image Charef Berkani

Elle danse, danse au son des guitares,

Le temps d’une nuit de pleine lune.

L’étoile chante au dessus des toits,

Le baiser troublant du poète

Enflamme ses sens et met son corps en transe.

Son dos cambré

Elle danse, danse, pour toi le flamenco.

Laissant au silence  l’unique récompense

D’un appel à l’amour, d’un encore étouffé.

En écho ses  pieds s’emmêlent et voltigent.

Ses doigts se mêlent s’entremêlent.

Vertige muet, du bout des lèvres

Eveille l’abime de feu qui vit en elle.

L’étoile et le croissant

À jamais éclairent leur chemin.

Copyright©2022Roberte Colonel