Oublier quel qu’un : avez-vous songé à ce que cela signifiait ? L’oubli est un gigantesque océan sur lequel navigue un seul navire, qui est la mémoire. (Amélie Nothomb)
Mon cœur palpite,
Je ferme les yeux,
Le sommeil n’est plus…
Je glisse la bagueà mon doigt
Et garde nos mille secrets clos.
Lavons nos têtes en friche
Et demandons à la mer bleue
Non pas l’extase mais le repos
Sans connaître le point de chute du prochain aérolithe
Les moments que nous traversons sont si tristes qu’il me faut pardonner a ceux qui m’ont offensé. Que sera demain? Ou seront nous? Dieu seul le sait. Si le coronavirus m’emporte, Je voudrais avoir l’ âme en paix. Si je m’en sort, je veux tirer les leçons du passé Je veux qu’elles me soient utiles […]
Elle est là, à travers la fenêtre. Elle n’a jamais été aussi proche. Les rochers polis par le vent, la neige sculptée par les courants, les nuages accrochés aux aspérités, le décor est en place. La neige s’accroche encore aux arêtes. Des combes se dessinent plus sensuelles qu’avant. Les sommets se découpent dans la valse des cumulus. C’est beau la montagne, comme toujours. Il suffit de tendre les mains. Pourtant elles nous sont interdites et je regarde benoîtement les montagnes. Comme un saint qui les découvre. Avec mysticité et recul. Des journées de frénésie, puis d’un coup le retour à la grotte. Sur le chemin de l’essentiel. Elles sont là comme le jour et la nuit. Dans la vérité du monde. Je ou plutôt nous ne leur appartenons plus. Pendant longtemps, on a cru que nous possédions la montagne, Comme si un acte de propriété suffisait. Un bout de papier contre le vent des cimes. Une volonté d’en découdre contre la grande verticale. L’envie de s’amuser contre presque l’infini. Un virus, même pas de la taille d’un grain de quartz et tout est remis en question. Comment pouvons-nous croire en cette fadaise. Comment pourrait-on s’accaparer la nature ? La montagne est magnifique parce que nous n’y sommes plus … Etrange paradoxe de saisir cruellement que notre absence fait son bonheur. L’air est pur comme au premier jour, il se régénère en notre absence. Les brises de vallée ont chassé les derniers polluants. Le cacophonie de bagnoles en mouvement a disparu. Le ciel s’est libéré de ses rayures infâmes qui éraflaient l’azur. Le temps chante à nouveau son impermanence. La vie animale reprend ses droits. Le oiseaux accomplissent leurs rituels. Le printemps approche mais il semble plus joyeux. Le filet d’eau qui coule a côté de la maison charrie moins de scories. Descendant des Fiz, il retrouve un rite ancestral. Celui de se tailler la route, vers la Mer. Pour raccorder le ciel et la Terre, il fallait les deux éléments; celui d’en haut, des hauteurs et des montagnes; celui d’en bas, des profondeurs et des abysses. Je suis sur une frontière et pour une fois, je n’en bougerai pas. Toutes les frontières se ferment. La volonté des hommes n’y est pour rien. La peur l’emporte sur le reste. La montagne redevient une barrière. Elle érige ses parois en une vaste citadelle. Elle est belle à travers ma fenêtre. Qu’il pleuve ou qu’il neige, elle gardera sa magnificence dans les semaines à venir. Je sais que je la retrouverai, un jour. Parce que le jour succède à la nuit. Parce que la beauté forcément s’impose, même sur les frontons des sommets. Ne me reste plus qu’à ouvrir la fenêtre en grand, pour laisser l’air frais rentrer et la contempler, une fois de plus, en nous disant que cette pause pourrait être une chance. Parce que nous aurons, dans notre malheur entrevu un autre possible…
Marie est triste d’entendre comme tous les matins les informations qui ne parlent que du Corona Virus, cette terrible maladie qui inquiète tant et fait des ravages dans le monde entier. Elle étouffe dans ce vide. Elle aimerait ressentir le véritable manque, celui qui entre deux présences, le manque après lui et avant lui. Ce manque là est un gouffre glacial qui n’est pas un manque ordinaire.
-« Qu’as-tu fais de moi ? Je ne m’appartiens plus. Je deviens folle. » Parfois, elle lui dit qu’elle lui en veut terriblement de s’être laissé allée à l’aimer ainsi. On se trompe complètement parce que l’amour n’est pas une science, on n’apprend tout de l’autre qu’une fois qu’on l’a perdu. Oui, même quand on l’a perdu l’amour qu’on a connu vous laisse un goût de miel. L’amour perdu, c’est une blessure qui ne se referme pas d’un claquement de doigt. Il faut du temps. Un jour elle soignera ses plaies comme elle a su guérir de toutes ses autres souffrances.
Elle repense à ces mots, qu’il lui avait écrits un soir. Elle avait d’abord cru qu’il était contrarié. Il vaut mieux le laisser ce calmer plutôt que tenter de comprendre, et essayer de réparer et de risquer de se froisser comme ils en avaient si souvent pris l’habitude.
L’amour c’est fragile, c’est si difficile à la fin. Il ne lui avait suffit que d’une minute pour avoir eu le coup de foudre pour cet homme. Ils avaient eu des mois, des années pour s’aimer et … il l’a quittait, avec un seul mot pathétique. Pour qui, pourquoi ? Marie en réalise seulement maintenant la raison. Une ombre comme elle se plait à l’appeler qui ne dit pas son nom mais qui est plus destructive qu’elle n’y paraissait. Elle n’avait pas voulu la voir alors qu’elle savait déjà ! Malgré l’injustice subie, la violence des mots qui lui sont parvenus Marie préfère faire taire cette ombre qu’elle à repéré et qui continue son travail de sape insidieusement. Marie ne veut plus remuer le couteau dans sa plaie à peine refermée. Elle est ainsi. Elle a de la peine à se reconnaître tant fut grand son chagrin de s’être retrouvée rejetée de la vie de cet homme aussi brutalement. Alors que se soit la rancune, la bêtise, la traitrise de l’ombre elle l’oublie.
C’est sans doute la raison pour laquelle, elle se dit qu’il ne faut pas se retourner sur un passé qui semble t-il n’a plus d’avenir.
Elle sait que rien n’arrive par hasard et que ce qui est arrivé… lui sans doute l’avait programmé depuis des mois. Demain, demain Marie relèvera la tête lavée de cette infamie qui lui était tombée dessus… Depuis ce soir là ce qu’elle veut, ce qu’elle recherche c’est le silence de l’oubli. Elle n’a même pas envie de faire bonne figure tant elle s’est coupée du monde. Elle recherche le silence. Mais dans sa poitrine, le bruit infernal, les coups du cœur, forts, saccadés, oppressants. Attendre. Respirer. Sentir les coups frapper encore, plus espacé peut-être. Pas sûr.
Dans le noir de ses nuits, les yeux fermés, la laisser venir cette phrase qu’elle a de la peine à oublier, la laisser chercher son chemin dans le labyrinthe du souvenir et la voir apparaître, intense, terrible, douloureuse. A l’évocation de ces mots Marie tremble… Des légers frémissements comme des feuilles d’automne qui frissonnent dans le vent pour ne pas risquer de se détacher définitivement de la branche. Elles s’entraînent en prévision de la grande voltige, de ce moment où elles oseront enfin s’élancer et tournoyer dans le vide, ultime prouesse avant de rejoindre le tapis chatoyant des feuilles mortes. On s’habitue à tout. Ce qu’elle à subit : une amitié brisée, un amour perdu, une absence, le temps joue contre l’oubli. Il fait perdre le fil de l’attachement. Il reste la pensée et celle-ci heureusement, l’oubli ne peut rien y faire… Au cours du temps l’amour finit toujours par se transformer en cicatrice. Et tout dépends du temps qu’il faut à la cicatrice pour s’effacer.L’indulgence, comme l’admiration, est saine au cœur.
Un soir d’hiver dans un gros nuage il y avait eu le gris pour la mettre dans les ténèbres, mais au petit matin, au levé du soleil qui brille sa vie rayonnent à nouveau qui veux l’emmener dansun autre amour, mais Marie ne veut aucun autre amour. Elle pense qu’avoir la foi, à un moment où à un autre, un nouveau printemps refleurira pour elle.
Et comme un accomplissement à son souhait, un signe lui parvient soudain pour corroborer ces pensées : Les douces tourterelles sont maintenant de retour dans les sapins de sa résidence ! Elle entend leurs roucoulements présage de leurs amours à venir.
Un sourire jaillit maintenant des lèvres de Marie. C’est un très bon présage pour elle.
J’ai appris que les gens oublieront ce que vous avez dit, les gens oublieront ce que vous avez fait, mais les gens n’oublieront jamais ce que vous leur avait fait ressentir. « Maya Angelou »
Rose
Elle se voyait comme une rose
Belle, romantique,
Que l’on extrait de son jardin
Pour une minute de griserie poétique.
De tout temps, le poète les a déclamés !
Toujours la rose attire par sa beauté…
Qui volontiers oserait la froisser ?
Par la fenêtre ouverte
Toi, tu la contemples sous la pluie
Qui tombe en gouttelettes baigne ses frêles pétales.
Son parfum en effluve qui s’en dégage
Exalte tes sens et fait battre ton cœur.
Poète ne vois tu pas que ta rose s’étiole lentement,
Il n’y a pas la moindre sagesse dans ma vie. Pas non plus de folie. Je ne sais pas au juste ce qu’il y a dans ma vie. La vie peut-être, simplement confondue avec la solitude, la sagesse ou la folie. -La solitude occupe ma maison à un point incroyable de sans gêne. Elle ne laisse rien en dehors d’ elle, sauf la page blanche. C’ est lorsque j’écris que je suis la moins seul. -La solitude, quand elle monte dans un couple, est terrible, malfaisante. Quand elle entre chez moi, elle est – comment dire: détendue. Elle a ses habitudes, sa place faite. -La solitude est une maladie dont on ne guérit qu’ à condition de la laisser prendre ses aises et de ne surtout pas chercher le remède, nulle part. J’ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d’être seuls et demandent au couple, au travail, à l’ amitié, voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l’amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d’être seuls fait d’eux les personnes les plus seules au monde. Christian Bobin, extrait de “L’épuisement”