
Ce sont les mots
Grisants les philosophes ou les poètes, ils puisent des instincts endormis. Ils sont la base d’une forteresse où l’homme a plongé son mépris. Qu’ils soient paresseux ou violents, ils recommencent et se terminent, humectant d’une rosée fine, le grand parleur ou l’ahuri Ils se promènent dans les injures, les regrets et le pardon.
Ils font la paire, et puis la manche, ils s’assemblent et s’éloignent entre eux. Ils se figurent des styles tournoyant entre leurs courbes et leurs lignes, ils s’emmêlent à volonté. Ils s’exhibent entre point et virgule, à l’image de loups affamés. Brouillant les pistes, ils se ravissent de compassion. A l’inverse, ils sont capables d’une insultante velléité.
Ce sont les mots, ces tristes sires, ces monarques changeant…
Ils nous transpercent, ils nous transcendent. Ils nous glissent des douceurs. A l’oreille, on les fredonne, en mâchouillant une réflexion.
Parfois, il en suffit d’un seul pour déformer nos intentions.
A force de les fuir, ils nous tombent dessus, à l’affût de la foudre, raisonnant comme sur les murs d’une cathédrale. Ils sont l’avant, ils sont l’après.
Ils viennent troubler les amants.
Et du péché le plus infime, ils bâtissent un noyau d’odieux, où ni les sages, ni les victimes, ne calment leur désaveux, et s’accouplent jusqu’à renaître au plus profond de leurs adieux. Roberte Colonel ( le 8/10/2019)
« Quel plaisir a redécouvrir un de mes textes parus depuis des années …
Rien ne change mon plaisir d’écrire est toujours présent même si je suis empêchée de le faire aussi souvent que je le voudrais. »