
Le vieux pêcheur
-Tiens, je ne le vois plus sur le bord de l’orbe. Serait-il malade ? Demain, il me faudra me renseigner.
Mais réflexion faite, non je ne peux pas me tromper ! Il est impossible de passer au bord de l’Orbe sans l’apercevoir la cane à pêche à la main. Il fait partit du paysage
Et si il avait été là, il n’aurait jamais manqué de m’interpellée par un :
« é peuchère ! » Aujourd’hui ça ne mort pas ! Je riais avec lui et je lui disais tout en essayant de prendre l’accent du midi : « mais dite donc, et ce qu’il y a dans votre seau ces quoi c’est loups de mer ? C’est la pêche d’hier ça ? »
-Mais non « ma belle » c’est que je te dis que sa ne mort pas, c’est pour que les autres… là, s’en aillent ailleurs voir si le poisson est plus gros !
Avec beaucoup de sérieux il replaçait un asticot bien rouge au bout de sa ligne et le geste vif, lançait son fil aussi loin qu’il le pouvait.
Un jour je me souviens alors que je passais sur la route qui longe l’Orbe pour attirer mon attention il m’avait dit : « tu sais petite c’est tout un art la pêche. Il faut bien se préparé, être patient car parfois on rentre bredouille a la maison… enfin, certains, pas moi ! Car je sais y faire ! Et disant cela il partait dans de grands éclats de rires. J’adorais aussi l’entendre raconter quelques histoires un peu coquines et bien méridionales. Il savait que j’aimais bien l’écouter et c’est pour cela qu’il ne se privait pas de m’interpeller.
Pendant la période des vacances je l’entendais souvent chanter au passage des jolies jeunes femmes bien bronzées. Elles étaient assez courtes vêtues et lui, il avait l’œil coquin !
A lui tout seul, cet homme c’était du « Pagnol. »
Lundi je suis passée en me promenant devant sa maison. Elle ne se trouve qu’à deux pas de chez moi.
Leur voiture n’était pas devant le portail comme elle avait l’habitude d’y être. Comment ne l’avais je pas remarqué alors que je passe chaque jour devant.
Son épouse se reposait dans son fauteuil sur la terrasse de leur maison très arborée d’arbres et de plantes de la région.
Je me suis approchée du portail et j’ai demandé si je pouvais venir lui rendre visite. Elle accepta très volontiers.
Cette dame avait gardé son élégance que je lui connaissais. Seule fut ma surprise de voir sa tristesse sur son visage.
Je m’en inquiétée. Et, lorsqu’elle se confia sur sa santé et celle de son mari je compris très vite qu’il était très malade.
Elle m’invita à entré à dans sa demeure. Lorsque j’ai eu franchi l’entrée immédiatement j’ai constaté que le bel ameublement du séjour avait disparu. Il n’y avait plus les meubles contemporain cérusé roses mais une table très ancienne et des chaises tout autant qui accentué la tristesse de la demeure. Les volet tirés ne laissé filtrer qu’un filet de lumière.
Au fond de la pièce un lit médicalisé prenait énormément de place c’est la que se trouvait allongé « mon vieux pécheur ami ». Il avait le teint blafard, il été si fatigué qu’il ne pouvait répondre a ma question qu’avec sa main.
Je suis sortie de cette visite le cœur chaviré. En pensant que sa vie avait été toute remplie de plaisir simple comme aller à la pêche. Et cela il ne pourrait plus le faire.
En revenant chez moi, je n’ai pas cherché à retenir mes larmes.
Je pensais à mon vieux pêcheur, cet homme si passionné de pêche, avec son drôle d’accent que la maladie réduisait à ce jour a l’état de mort vivant.
Roberte Colonel le 06 /09 /2018 : Tout droit réservé
(Image du wilipédia)