Émotion…

 DEL-PESCO-Belinda-34

Émotion

Je tourne mes regards vers l’espace là-bas,
Je songe à ces beautés que je ne verrai pas.
Que de brûlants midis étendus sur les plaines,
Ruisselants de rayons comme l’eau des fontaines,
Que d’enivrants bonheurs, répandus à foison
Qui viendraient, s’assoiraient au seuil de ma maison !
Je n’aurais pas besoin d’aller jusqu’à ma porte,
Le jour prodiguerait une chaleur si forte,
Le soleil danserait dans de si clairs rayons,
Animant les jardins, mûrissant les brugnons,
Qu’il entrerait ainsi, par mes fenêtres closes,
Un long frisson de vie, un murmure de roses.
Le soir s’embaumerait aux fleurs des résédas,
Et serait bruissant comme du taffetas.
Avec tant de lenteur, viendrait le crépuscule,
Qu’on croirait entrevoir l’infini qui recule
Et se recueille, avant de presser dans ses bras,
L’horizon qui s’émeut, s’approchant, pas à pas.
Que d’appels oppressés, de frissons, de musique,
Éperdus, haletants comme un plaisir physique,
Quelle épuisante extase et quel troublant émoi,
Dans les soirs accablés, monteraient jusqu’à moi!…
Mais j’irais, me cachant dans la nuit, sous ses voiles,
Dérober le repos immortel des étoiles,
Et je ne serais plus qu’un doux astre qui luit,
Quand elles pâliraient de langueur dans la nuit…

Poésie d’Eva Segal

Poésie d’Eva Segal Éva Senécal (née le 20 avril 1905 à La Patrie et décédée le 14 mars 1988 à Sherbrooke), dont le nom est usuellement prononcé [evɑ senekal], est une poète et romancière québécoise. Elle travailla pour le journalsherbrookois La Tribune de 1930 à 1936 et y travailla de nouveau au milieu des années 1960.

La bibliothèque municipale de la ville de Sherbrooke porte son nom depuis son inauguration en décembre 19901. Cet hommage lui a été décerné par la Société d’histoire de Sherbrooke pour souligner notamment sa carrière de femme de lettres.

Œuvres[modifier 

1927 – Un peu d’angoisse, un peu de fièvre, recueil de poésie.

1929 – La Course dans l’aurore, recueil de poésie.

1931 – Dans les ombres, roman.

1933 – Mon Jacques, roman.