
Sous la douceur, un prédateur
Il charme l’auditoire d’un cil en battement ;
De son regard amande doux et mystérieux
Eponge la tristesse au voile de vos yeux
Pour trouver en votre âme un tendre épanchement.
Il vous émeut, vous fascine vous trouble et vous séduit
Essuie votre chagrin sur le drap de la nuit
Et parfume vos rêves d’effluve de printemps
Quand le clair du matin mêle l’or à l’argent
Soulève les paupières et les corps paresseux
Il vous pousse hors du lit en petit coups nerveux :
Sont ventre crie famine ! Rêver n’est plus temps !
Sa douceur cache un instinct violent.
Comme ceux de sa race, il chasse la souris ;
C’est son jeu favori pour tromper son ennui,
Un jeu souvent mortel ou s’invite le sang.
Nez au vent, sa conquête au jardin va flânant
Le cœur empli de fleurs, espère une amoureuse
Pour nourrir l’insomnie et son vide ennuyeux
Mais ne pense un instant rencontré malfaisant.
Et pourtant, il est là qui l’épie, qui l’attend,
Préparé à bondir lestement et sans bruit
Prêt au macabre jeu de l’amour qui s’enfuit
De la loi du plus fort sur le faible pensant.
Le cri de la souffrance le laisse indifférent
Il jouit de la faiblesse et du regard vitreux
D’une mort programmée par le jeu pernicieux
D’un prédateur sans âme blanc de tout sentiment.
Las des proies bon marché son chemin traversant
S’offrant sans retenue à son regard qui luit.
Il choisit une cible pour plus grand appétit…
De ce choix, il apprit à être moins gourmand.
(Michèle Brodowicz)
Image Monika Wegler photographe, et écrivain, elle écrit des livres sur les animaux, y compris les lapins. Ses livres ont été publiés depuis les années 1980.
Image déjà utilisée dans un de mes écrits le 14 Février 2014 intitulé : « Adorable petite souris gentille »